Jean-Louis Maudrin nous a quittés le 5 mars 2022. Militant du mouvement Freinet dans lequel il a exercé des responsabilités, notamment au Comité directeur, il a fait partie du groupe Genèse de la coopérative fondé en 1978, auprès duquel je me suis formé à la P.I., puis du groupe Pratiques de la coopérative (1992) avec lequel nous avons continué à proposer des stages de formation à l’approche fondée par Aïda Vasquez et Fernand Oury. Sa présence était la singulière alliance d’une culture étendue, d’un souci de l’autre généreux et grognon, de l’intérêt pour la matérialité des choses et de beaucoup d’humour.
Jean-Louis était un grand lecteur et sa bibliothèque était emplie de poèmes. Il disait la mesurer en mètres, mais je crois que c’était plutôt la poésie qui lui servait d’unité de mesure. Plus d’une fois, il nous a fait entendre des réalisations poétiques et musicales produites par les élèves de ses classes et toujours remarquablement bricolées, au sens le plus créatif du mot. Bien sûr, ses élèves écrivaient des textes libres et, parfois, des poèmes remarquables.
Je me souviens de la dernière phrase de l’un d’eux : « Mourir est un jeu d’enfant ».
Patrick Geffard
En ces temps bien difficiles pour nos camarades qui enseignent (je suis en retraite, du même âge que Jean-Louis), il est urgent de rappeler les temps de luttes. Jean-Louis est pour moi le plus ancien ami du mouvement Freinet. Avec René Laffitte et Jean Claude Colson nous étions les trois mousquetaires. À la fois modeste et ferme sur ses idées, positions et pratiques, il avait une classe remarquable, d’une richesse extraordinaire, au service de ses élèves pour qui il avait une tendresse et une attention parfois apparemment bourrue. Ses monographies resteront des modèles du genre et d’une originalité qui se remarque aux premières lignes. Son empathie s’étendait, au-delà de sa classe et de ses élèves, aux parents et à leur entourage. Pédagogie Freinet, Pédagogie populaire, ce n’étaient pas de vains mots pour lui. Sa collection de photos est d’une richesse extraordinaire en quantité et qualité. Il savait par le choix des clichés mettre en relief une atmosphère, une ambiance. Il n’oubliait pas dans nos rencontres et stages de parler de sa famille, il n’était pas seul quand il nous a quittés. J’ai de lui des souvenirs merveilleux.
Maurice Marteau