Archives de l’auteur : Bruno ROBBES

Bruno ROBBES

À propos Bruno ROBBES

Ancien instituteur, maître formateur et directeur d'école de 1986 à 2001 à Garges-lès-Gonesse (Val d'Oise), j'ai pratiqué la pédagogie institutionnelle dans mes classes et m'y suis formé, en groupe avec Jacques Pain, dans des stages avec Fernand Oury. J'ai été responsable dans des stages du CEÉPI. Je reste impliqué dans les réseaux et groupes qui s'y réfèrent. Maître de conférences en sciences de l'éducation de septembre 2008 à août 2019 à l'université de Cergy-Pontoise, je suis aujourd'hui professeur des universités dans cette même université et membre du laboratoire ÉMA (École, Mutations, Apprentissages) - EA 4507. Dans certains cours, je mets les étudiants en situation de s'initier à la pratique de la pédagogie institutionnelle. Après avoir étudié l'autorité dans la relation éducative et pédagogique, je souhaite désormais faire de la recherche-action de pédagogie, avec des enseignants et des équipes d'écoles qui pratiquent des pédagogies coopératives, institutionnelles, alternatives.

CEEPI – STAGE de Pédagogie Institutionnelle, du 17 au 22 août 2021, à MOZAS en Isère

Enseignant ou éducateur, débutant ou expérimenté, vous cherchez des pistes pour exercer votre métier.

Entre les demandes institutionnelles d’individualiser les parcours d’apprentissage et les injonctions d’utiliser les bonnes méthodes (basées sur les neurosciences), la PI propose un chemin d’enseignement misant sur la coopération et faisant part égale à l’individuel et au collectif. 

Le collectif des équipes de pédagogie institutionnelle de l’Isère propose un…

STAGE de Pédagogie Institutionnelle, du 17 au 22 août 2021, à MOZAS en Isère

S’initier et s’entraîner à la Pédagogie Institutionnelle, vivre une expérience riche d’échanges et de pratiques coopératives avant la rentrée…

Pour tous renseignements s’adresser à Irène Laborde (responsable des inscriptions)  irene.laborde@wanadoo.fr

Pour télécharger le dossier d’inscription :

https://www.ceepi.org/edition/ressources/contenu/Dossier_inscription_stage%202021.pdf

Cordialement

L’équipe iséroise du stage

FILM – L’éducation en questions, Fernand Oury (Vost Portugais Brésilien)

Un film sous-titré en portugais brésilien, qui présente la pédagogie institutionnelle initiée en France par Fernand Oury et Aïda Vasquez.

L’éducation en questions, présenté par Philippe Meirieu

Fernand Oury (1920-1997) (Vost Portugais Brésilien)

Y a-t-il une autre loi possible dans la classe ?

Existe uma outra lei possível na sala de aula ?

Merci à Silvia Valentim, Fernando Andrade pour la traduction !

Merci à Philippe Meirieu pour les autorisations !

Appel à contribution – Jacques Pain à l’université de Nanterre

Appel à contribution pour un numéro de la revue Spécificités

Jacques Pain, enseignant-chercheur à l’Université Paris Nanterre

Argumentaire

Jacques Pain, récemment disparu, a vécu plusieurs vies. Il a été enseignant en lycée technique, karatéka, “fils de facteur”, compagnon de route de la révolution salvadorienne, romancier, auteur et éditeur d’ouvrages de pédagogie institutionnelle, conférencier international au Japon, à Cuba, au Portugal, au Brésil, en Belgique mais aussi, intervenant local dans des institutions scolaires, sociales, socioculturelles…

Ce numéro de Spécificités, initié par les membres de Crise, École, Terrains sensibles, équipe d’enseignants-chercheurs qu’il a fondée à l’Université Paris Nanterre en 1993, se propose d’évoquer plus particulièrement l’une de ses vies : celle d’universitaire, d’enseignant, de formateur, de chercheur enraciné dans des territoires. Là où se jouaient les relations entre des collectifs et des institutions qu’elles soient judiciaires, scolaires ou socio-éducatives.

Nous savons bien qu’en procédant de la sorte, nous n’abordons qu’une partie seulement d’une existence qui fut riche en réalisations et en rencontres avec des institutions, des collectifs et des individus divers. Mais nous espérons que d’autres écriront et parleront des autres vies de Jacques, en France et à l’étranger. En fait, nous souhaitons publier à partir de ce que nous avons connu directement en travaillant au contact de Jacques Pain à Paris-Nanterre, que ce soit comme collègue, comme membre de son équipe, comme thésard, ou comme associé à l’une de ses recherches ou à l’un des collectifs auxquels il participait.

Au demeurant, du fait de ses positions originales en matière de recherche et de formation et vis-à-vis de l’institution universitaire, d’aucuns pourraient méconnaitre ou sous-estimer son intérêt pour l’université et le rôle qui a été le sien dans le monde académique et dans le fonctionnement de l’Université de Paris-Nanterre. Jacques Pain était perçu par certains de ses collègues comme un marginal. Pour autant ce n’était pas un cow-boy solitaire qui aurait tracé son chemin en ignorant le cadre dans lequel il travaillait. Cela aurait été au rebours de sa pensée de l’institutionnel. Au contraire, rappelons qu’il a siégé très activement au Conseil d’Administration de l’université pendant plusieurs années, qu’Il a dirigé le Service Universitaire de Formation des Maîtres (SUFOM) ainsi que le département des Sciences de l’éducation, qu’il a été membre de la commission disciplinaire de l’Université et l’organisateur de nombreux séminaires transdisciplinaires de son École doctorale de rattachement.

Au niveau des Sciences de l’éducation, Jacques Pain a ouvert des champs de recherches sur des problématiques originales, en phase avec les questions vives de notre temps, telles que : violence, pratique de l’institutionnel, crise à l’école et dans les institutions. Ainsi, il a été l’un des initiateurs des recherches actuelles sur le harcèlement entre jeunes, notamment en faisant connaître en France les travaux sur le « school bullying » de Dan Olweus. Il a accompagné sur la longue durée des professionnels intervenant dans des quartiers prioritaires. Ses travaux ont conjugué des approches variées (recherches qualitatives et quantitatives et recherche-action). Il a constitué et fait vivre une équipe de recherche autour de ces thèmes, encadré des thèses et des HDR, animé un séminaire doctoral, créé des enseignements et des formations.

Ainsi, au plan de la vie institutionnelle, de ses enseignements universitaires, de la formation professionnelle et de la recherche, Il a travaillé à mettre en œuvre ses idées sur la pratique de l’institutionnel. La formation des enseignants à et par la Pédagogie Institutionnelle fut d’ailleurs l’objet de sa première thèse. Comment, avec quels succès, quelles difficultés aussi, cela a-t-il fonctionné ? Quelle est la place, concrètement, de la Pédagogie Institutionnelle à l’université et dans la formation ? Et qu’en reste-t-il dans nos propres pratiques au sein de nos ancrages institutionnels respectifs ?

Pour travailler avec Jacques Pain, il fallait se défaire de quelques idées reçues confortables : au premier chef, les oppositions entre théorie et pratique, entre chercheurs et acteurs, entre professionnels et usagers, etc…. Il fallait sortir autant que possible d’un discours convenu. Ce numéro de Spécificités ne sera donc pas un monument à la mémoire de Jacques Pain, ni un récit hagiographique. Nous souhaitons qu’y figurent des articles appuyés sur l’analyse de faits concrets, de pratiques réelles qui leur donneront consistance et puissance intellectuelle. Ce sera peut-être une façon de témoigner de l’apport de Jacques Pain aux vies qu’il a croisées.

Ces articles pourraient traiter de thèmes relatifs à l’action et aux écrits de Jacques Pain tels que : la pédagogie institutionnelle à l’université ; ses enseignements (violence, harcèlement, crise, Pédagogie Institutionnelle) ; le fonctionnement de son séminaire de thèse ; ses interventions institutionnelles en tant que chercheur de Paris Nanterre dans des collèges de territoires en crise (Blois, Trappes, Mantes-la-Jolie, Champigny-sur-Marne, Le Blanc-Mesnil…) et dans des institutions socio-éducatives en difficulté (Marseille) ; les recherches conduites par l’équipe Crise, École, Terrains sensibles (Comparaisons internationales sur la violence à l’école ; les métamorphoses de l’autorité ; les prises en charge du décrochage scolaire) ; son travail d’éditeur sur l’institutionnel, la violence et la recherche ; ses écrits de fiction.

Pour ce numéro, comme pour toutes les livraisons de Spécificités, les auteurs concernés peuvent être des étudiants, des professionnels ou des chercheurs. La forme des textes attendus est ouverte : articles de recherche, essais, témoignages…

Coordination
Marie-Anne Hugon, professeure émérite, et Alain Vulbeau, professeur émérite

Équipe Crise, École, Terrains sensibles, CREF, Université Paris Nanterre

Calendrier éditorial

Des résumés de la proposition (3 000 signes maximum) sont à envoyer avant le 1er juin 2021 aux coordinateurs de ce dossier :

Table ronde – 7 mai – 18h-20h – « L’institution revisitée – Actualités et perspectives de l’intervention »

La Rédaction de la Nouvelle Revue de Psychosociologie a le plaisir de vous inviter à une table ronde en visioconférence à l’occasion de la parution de son n°30 sur le thème « L’institution revisitée – Actualités et perspectives de l’intervention ».

Celle-ci se tiendra en ligne le vendredi 7 mai 2021, de 18h à 20h.

Les intervenants seront Gilles Monceau, Jean-Luc Prades et André Sirota. 

Vous trouverez une présentation du numéro et de la table ronde en pièce jointe.
Vous pouvez aussi vous procurer ce numéro
ici

L’animation de la VisioConférence sera réalisée par Gabriel Migheli.

L’inscription préalable est impérative. 

Pour vous inscrire, il suffit d’envoyer votre nom, prénom et adresse email à l’adresse suivante : colloque-nrp@cirfip.org

Veillez bien à ce que l’adresse email donnée lors de l’inscription soit celle à laquelle vous aurez accès le soir de la table ronde (car seulement cette adresse vous permettra d’accéder à la conférence).

Quelques jours avant la soirée, vous recevrez le lien et les codes d’accès à la visioconférence.

Bien cordialement,

Le secrétariat

Pour tout contact avec le CIRFIP : contact@cirfip.org 

Pour tout contact relatif à l’activité formation du CIRFIP: formation@cirfip.org

Pour tout contact relatif à la Nouvelle Revue de Psychosociologie : revue-nrp@cirfip.org 

Projection film Saint-Alban le mercredi 31 mars à 19h

De: Benjamin Royer <benjamin@royer-perso.fr>
Objet: TR : Projection film Saint-Alban le mercredi 31 mars à 19h
Date: 26 mars 2021 à 18:05:59 UTC+1
À: Benjamin ROYER <benjamin@royer-perso.fr>
Cher(e)s tou(te)s, 
 
mercredi 31 mars à 19h,
 
Nous organisons avec des étudiants de première année de psychologie de l’université Paris 13 une projection du film

SAINT-ALBAN UNE REVOLUTION PSYCHIATRIQUE de  Sonia Cantalapiedra 

La projection sera suivie d’une discussion-débat avec la réalisatrice 
Sur Zoom (oui, on sait, c’est pas marrant les discussions par logiciels mais on n’a toujours pas progressé dans notre maîtrise de la télépathie.)
via le lien suivant, généreusement mis à disposition par l’association Colifata France :
  

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« En France, 45 000 des 70 000 malades mentaux internés sont morts dans les asiles psychiatriques français pendant la Seconde guerre mondiale. Mais pas à Saint-Alban. Tout part de la rencontre en Lozère — dans un château médiéval devenu hôpital psychiatrique en 1821 — de quatre jeunes psychiatres : Paul Balvet, François Tosquelles, Lucien Bonnafé et André Chaurand. Ils ont caché ceux que l’ordre en place menaçai, résistants et juifs, ont lutté contre la faim et l’oppression nazie. Plus encore, ils ont brisé les barreaux de l’asile, se sont engagés dans une tentative de libération intellectuelle et humaine. Ils ont interrogé les liens entre psychiatrie et politique, aliénation sociale et aliénation individuelle pour repenser la folie dans la conscience de sa pleine humanité. Leur histoire est celle d’une pensée mise en acte qui a inspiré Frantz Fanon et Jean Oury, et qui inspire encore de nouvelles générations de psychiatres, confrontés à de nouvelles formes d’entraves. »
 
Saint-Alban, Une révolution psychiatrique, de S. Cantalapiedra, Les films d’un jour, l’Harmattan, 2017, 60min.
 
 
Pour en savoir plus sur le film et le travail de sa réalisatrice, 
vous pouvez consultez les articles écrits par le Journal Et Tout et Tout du CATTP d’Asnières :
 
Un débat lors d’une précédente projection à l’Université Paris 13 en présence de Pascale Molinier et de Sophie Legrain : http://journalettoutettout.blogspot.com/2018/03/saint-alban-une-revolution-psychiatrique.html
Autour de Saint-Alban : 
Également aux Éditions d’Une, le texte de la pièce de théâtre La méningite des poireaux, de Frédéric Naud
 
Sur l’histoire de Saint-Alban : https://www.franceculture.fr/emissions/series/saint-alban-lieu-dhospitalite (2 documentaires radio de 28min)
 
Benjamin Royer

Séminaire LE CONCEPT D’INSTITUTION dans les pratiques de l’institutionnel

RAPPEL : mercredi 24 mars 2021 – 17h15-19h30

Séminaire ouvert – à suivre exclusivement à distance en direct :

https://www.youtube.com/channel/UCEAR4BxvMQWOGFLHhQp6_5g

Équipes de pédagogie institutionnelle, institutions et collectifs

intervenant : Philippe Jubin – discutante : Françoise Budo

C’est dès les années 60 que des groupes de praticiens travaillant en pédagogie institutionnelle dans leurs classes se centrent sur l’analyse des pratiques et des processus inconscients qui les accompagnent. Depuis lors, cette articulation entre le terrain et son analyse est devenue un pivot favorisant la dynamique des institutionnalisations singulières qui se distingue d’une application automatique de dispositifs répertoriés.

La proposition « ne restez pas seuls » de fin de stage de formation, invitait à la création de tels groupes de reprises. Mais qu’en était-il de leur dynamique d’ensemble, de leur possibilité de partage et d’analyse commune ? Au cœur des années 70, les Groupes d’éducation thérapeutiques, les GET, mettent ces interrogations au travail.

De groupes éparses de praticiens sous la figure tutélaire de Fernand Oury (les GET), on passe alors à un projet de collectif d’équipes qui se structurera autour d’institutions et de concepts de la P.I.

Un conseil et un bulletin intérieur sont institués : l’écriture et la parole, dans des lieux protégés pour échanger, prendre des responsabilités, décider, s’organiser, ensemble. La P.I travaillent les professionnels qui s’y engagent. La place centrale n’est plus incarnée. Le collectif d’équipes intègre une dimension d’analyse institutionnelle.

Lieux, loi, limite, langage, désir, identifications, phénomènes transférentiels… En classe ou dans les équipes, la complexité est là, et prise en compte.

Nous présenterons cette éclosion et ses conséquences, et nous interrogerons l’actualité de cette approche dans le paysage des pratiques institutionnelles actuelles.

 

Philippe Jubin a été Instituteur spécialisé. Il a mené son parcours dans des quartiers populaires, en SEGPA et en atelier relais. Engagé dans les pratiques institutionnelles, il travaille dans le Collectif des équipes de Pédagogie institutionnelle (CÉPI). En 1988, il a soutenu une thèse en Sciences de l’éducation à Paris 8 sur les relations maîtres-élèves dans la classe. Il participe à la revue Institutions, revue de Psychothérapie institutionnelle. Dernier livre publié : Brian, Rachid, Mathilde et les autres… avec Valérie Lamarre Milbergue et Nathalie Lelouey, aux éditions d’une, en 2017.


Contacts :
Bruno Robbes, PU en Sciences de l’éducation, Laboratoire EMA (EA 4507) : bruno.robbes@cyu.fr

7e journée de recherche du réseau “Recherches pédagogiques différentes”: report de la date

Cher(e) collègue,
Nous revenons vers vous au sujet de la 7e journée de recherche du réseau “Recherches pédagogiques différentes”. Cette journée devait se tenir le 14 avril 2021 sur le site de Gennevilliers de CY Cergy Paris Université, au sujet de la “dimension économique des alternatives éducatives” (https://www.recherchespedagogiesdifferentes.net/appel-agrave-communication.html).
 
Très soucieuses et soucieux de pouvoir tenir cette journée en présentiel, nous avons décidé de la reporter au lundi 25 octobre 2021. 
 
L’appel à communication est par conséquent à nouveau ouvert : nous serions heureux de recevoir vos propositions d’ici au 15 juin 2021.
Vous trouverez l’appel en pièce jointe : appel 7e journée date repoussée
Espérant que la situation nous permettra de nous retrouver dans de bonnes conditions, nous restons dès à présent à votre disposition pour tout échange au sujet de vos projets de communication
Merci de faire circuler cette information dans vos réseaux.
 
Bien cordialement,
 
Marie Anne Hugon, Marie-Laure Viaud et Philippe Bongrand

Séminaire LE CONCEPT D’INSTITUTION dans les pratiques de l’institutionnel

RAPPEL : mercredi 27 janvier 2021 – 17h15-19h30

Séminaire ouvert – à suivre exclusivement à distance en direct :

https://www.youtube.com/channel/UCEAR4BxvMQWOGFLHhQp6_5g

L’institution, un champ de tensions

intervenante : Laurence Gavarini – discutant : Pascal Fugier

En regard des conceptions de l’institution de Castoriadis et de Lourau, considérées dans leur époque (années 1970), nous explorerons des approches psychanalytiques qui ont pu résonner avec elles. Notamment celle de Piera Aulagnier qui a inspiré le courant de psychologie sociale de René Kaës. Il s’agira de comprendre les tensions entre ces deux orientations – qui n’ont pas toujours été perçues à l’époque – relatives à la place du Sujet et de l’Inconscient dans la théorie de l’institution.

Laurence Gavarini est Professeure émérite à l’Université Paris 8, UR CIRCEFT, équipe Clinique de l’Éducation et de la Formation.


Contacts : Bruno Robbes, PU en Sciences de l’éducation, Laboratoire EMA (EA 4507) :

bruno.robbes@cyu.fr

HOMMAGE – Jacques Pain, figure inspirante de la pédagogie et des sciences de l’éducation

Ce dimanche 17 janvier 2021, Jacques Pain, professeur honoraire en Sciences de l’éducation à l’université Paris Nanterre, « a rejoint le ciel des pédagogues après une longue nuit de lutte », selon les mots de son épouse Christine qui a annoncé son décès à ses amis. Nous lui devons tous beaucoup : c’était, à tous égards, un vrai pédagogue, chaleureux, toujours présent auprès de ceux et celles qui avaient besoin de lui. C’était un homme qu’on n’oubliait pas : tendre et truculent à la fois, fidèle en amitié et soucieux de contribuer, de manière constructive, aux initiatives éducatives qui, dans le monde entier, promeuvent l’émancipation et la coopération. Car Jacques était tout à la fois, un militant et un chercheur infatigable : militant pour un monde plus juste et qui laisse moins d’enfants et d’adolescents au bord du chemin… et chercheur curieux et rigoureux, sans cesse en quête de nouveaux outils d’analyse et toujours habité par une exigence théorique qui lui a permis d’élaborer des modélisations infiniment précieuses.

Né le 1er juillet 1943 à Mâcon (71) dans une famille populaire, Jacques Pain apprend à lire dans une classe Freinet. Lors de ses études secondaires, à Macon puis à Nevers, il participe à des journaux lycéens, montrant un goût certain pour l’écriture et se faisant remarquer par ses positions contestataires. En 1967, il débute des études de psychologie à l’université Paris X-Nanterre. Il obtient en 1969 une licence de sciences de l’éducation dans cette même université, où cette discipline vient d’y faire son entrée. C’est à cette époque qu’il fait la rencontre décisive de Fernand Oury et découvre la pédagogie institutionnelle (PI) dans les Groupes d’Éducation Thérapeutique (GET). Bien que Fernand Oury soit d’une méfiance « primaire » à l’égard des universitaires[1], il accepte que Jacques Pain co-rédige avec lui la Chronique de l’école-caserne, publié en 1972. Leur compagnonnage ne cessera qu’avec le décès de Fernand Oury.

Militant un temps engagé au parti communiste, Jacques Pain n’en est pas moins toujours resté un esprit libre, luttant sans relâche et dans de multiples institutions, pour une éducation toujours plus émancipatrice et solidaire. Entre février et octobre 1972, il est responsable de la formation des assistants universitaires de l’université de San Salvador. Cette expérience en contexte politique extrême le marquera considérablement : il en gardera un souci constant à l’égard des plus défavorisés et une volonté inébranlable de soutenir les politiques en leur faveur. De retour en France, il enseigne au Collège d’Enseignement Technique de Cormeilles-en-Parisis (95) de 1973 à 1975. Il y pratique les techniques Freinet et la pédagogie institutionnelle. Freinet, Marx, Freud, les travaux anglo-saxons sur les groupes, la psychothérapie et l’analyse institutionnelle constituent ses points d’appui, avec les arts martiaux et la pensée japonaise. À l’époque en effet, il enseigne le karaté-do Kyokushinkai de 1973 à 1978 (alors ceinture noire 1ère dan) et approfondira sa pratique, avec quelques séjours au Japon, jusqu’à la 4e dan.

En 1979, Jacques Pain soutient un doctorat de 3e cycle en sciences de l’éducation, sous la direction de Gilles Ferry, intitulé Une formation à la pratique de l’institutionnel : Pédagogie institutionnelle et formation. Il est nommé assistant en sciences de l’éducation à Nanterre en 1981. Convaincu qu’une véritable formation des éducateurs et des enseignants se doit d’être cohérente avec les valeurs et les principes qu’elle affirme, il met en pratique le modèle de formation élaboré dans sa thèse : multiréférentialité et analyse de pratiques, mise en place d’ « institutions »…[2]. Les années 1980 sont extrêmement prolifiques. Il intervient dans d’innombrables lieux d’éducation et de formation, auprès d’équipes de professionnels dans les champs éducatifs (de l’Éducation surveillée puis de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, à la « Maison de nos enfants » en Belgique et dans des établissements de Protection sociale de l’enfance…) et pédagogiques (dans les écoles La Source à Meudon, Ganenou à Paris 11e, dans les établissements scolaires sensibles de l’académie de Versailles…). Il se joint à Françoise Dolto et à Fernand Oury pour accompagner l’école de La Neuville, dirigée par Fabienne d’Ortoli et Michel Amram[3].

En 1983, il fonde les éditions associatives Matrice, avec Daniel David et Christine Vander Borght[4]. Elles permettent de diffuser largement la pédagogie institutionnelle, ses ouvrages classiques et actuels, sans lesquels la PI ne ferait certainement pas autant parler d’elle encore aujourd’hui. Des universitaires et des praticiens reconnus y côtoient des professionnels experts. À cette période aussi, Jacques Pain participe à la création du VIRFO (Violences recherches et formations), un collectif d’une vingtaine de chercheurs et de professionnels des sciences humaines et sociales pratiquant tous un art martial ou un sport de combat. Il s’agit d’aider, aux plans professionnel et personnel, à mieux comprendre et à maîtriser les formes de violence à une époque où peu en parlent, par la mise en pratique et la théorisation au plus près des sujets et des groupes. De nombreux stages ont lieu, centrés sur l’approche de la violence dans le champ éducatif et scolaire, la formation des maîtres et des éducateurs, la pédagogie institutionnelle et les méthodes actives. Il devient maître de conférences en 1988.

En 1993, Jacques Pain soutient son doctorat d’État, Pratique de l’institutionnel, recherche-intervention et recherche-formation dans le champ éducatif, sous la direction de Jacques Natanson, puis fonde l’équipe de recherches « Crise, École, Terrains sensibles ». Professeur des universités en 1995, il est une figure incontournable de l’université Paris X-Nanterre participant à sa gouvernance, élu dans divers conseils (1992-2002), siégeant à la commission de discipline (fin des années 1990), dirigeant le service universitaire de la formation des maîtres (1989-1992). Le recteur de l’académie de Versailles le charge d’une mission sur les questions de violence en milieu scolaire entre 1992 et 1994.

Jacques Pain n’en poursuit pas moins ses activités de recherche-intervention. En France et à l’étranger, c’est un intervenant et un conférencier très demandé et apprécié. Il donne des cours dans des universités belges (Mons, Liège, Bruxelles) et suisses (Genève). Il est professeur invité dans les universités de Kyoto (Japon), de Paraïba (Brésil), de Séville (Espagne). Toujours attentif aux pratiques pédagogiques innovantes et fidèle à ses convictions, il est proche de mouvements pédagogiques tels l’ICEM, les Amis de Freinet, le GFEN ou les CEMEA. Dans ses recherches, ses interventions et ses cours, il aborde souvent des objets d’étude inédits, qu’il s’agisse du harcèlement ou du décrochage scolaire, de la sanction, de l’autorité ou de la crise. En se spécialisant sur les pratiques de l’institutionnel et la violence, il tient le yin et le yang de la condition humaine, sans oublier le politique et la psychanalyse, à laquelle les longs compagnonnages avec Jean Oury, Félix Guattari, Pierre Delion ou encore Mireille Cifali l’ont acculturé. Sa culture scientifique témoigne d’une curiosité intellectuelle éclectique et insatiable. Ses textes sont parfois ardus, mais sa production scientifique est impressionnante : 19 ouvrages, 26 ouvrages collectifs, 211 articles, 102 jurys de thèses et/ou HDR dont 19 sous sa direction[5]. Sur la forme, ses manuscrits révèlent une écriture à l’esthétique fine et toujours très lisible. Passionné de littérature, il écrivait aussi des poèmes et des romans policiers.

La pédagogie institutionnelle reste l’affaire de sa vie, son univers d’espérance en un monde plus juste et respectueux de celles et ceux que le sort a écartés. « Attention, être humain ! » écrivait-il, transposant le serment d’Hippocrate à la relation éducative pour en faire le premier invariant des pratiques de l’institutionnel[6]. Il fut l’artisan des rassemblements nationaux des groupes de pédagogie institutionnelle à l’école de la Neuville (1994), à l’INRP (2000), à Lille (2004), à la clinique de la Borde (2006). C’était un pédagogue, praticien et intellectuel, porteur d’un fort message d’humanité, comprenant la vie intérieure des sujets en mal de société bienveillante. Il savait susciter et accompagner les plus désespérés d’entre eux vers le meilleur d’eux-mêmes, pour s’effacer ensuite. Sa forte présence en faisait une figure inspirante, charismatique et iconoclaste. Il savait encore que la lutte était quotidienne, dans ce monde où aucune valeur n’est jamais définitivement acquise. C’était un homme chaleureux et qui aimait la vie.

C’est ainsi que celles et ceux qui ont été proches de lui souhaitaient lui rendre hommage, un hommage collectif.

 

Michel Amram, Fernando Andrade, Halima Belhandouz, Laurence Bergugnat, Yannick Breton, Olivier Brito, Sylvie Canat, Rémi Casanova, Mireille Cifali, Sylvain Connac, Nadine Chéron, Françoise Cros, Pierre Delion, Huguette Desmet, Danielle Emo, Édith Heveline, Jean Houssaye, Marie-Anne Hugon, Gérard Jean-Montcler, Philippe Jubin, Frédérique Landoeuer, Jean Le Gal, Daniel Hameline, Alain Lenfant, Lucien Martin, Philippe Meirieu, Fabienne d’Ortoli, Sébastien Pesce, Catherine Pochet, Jean-Pierre Pourtois, Eirick Prairat, Bernard Quérol, Bruno Robbes, Marie-France Schrèque, Fanny Salane, Alain Vulbeau

[1] Oury, F., & Pain, J. (1972). Chronique de l’école caserne. Paris : Maspéro, p. 42.

[2] Pain, J. (1982). La formation par la pratique. Pédagogie institutionnelle et formation. Vauréal : Micropolis (réédité en 1998 chez Matrice) ; Pain, J. (dir.) (1994). De la pédagogie institutionnelle à la formation des maîtres. Vigneux : Matrice.

[3] http://www.ecole-de-la-neuville.asso.fr/

[4] Aujourd’hui transférées à Champ social éditions : http://www.champsocial.com

[5] Voir son CV complet et son site : (http://www.jacques-pain.fr/jpwp/

[6] Pain, J. (2004, mars). Les invariants. Vers une pratique de l’institutionnel. Institutions, 34, 41-52, p. 44.