Archives mensuelles : décembre 2022

12e colloque des pratiques coopératives – ICEM 34 – PIDAPI – Cahiers pédagogiques

Pour riposter par la pédagogie, coopérons !

Lieu : le Lazaret à Sète

Le 1e et 2 avril 2023

 

Inscriptions ouvertes : CLIC

Préambule

Face aux dominantes individualistes, face aux différents processus de déshumanisation, face à l’indifférence aux différences, face à l’amplification des inégalités sociales et scolaires, face aux diverses souffrances repérées dans les écoles et les classes… que peut faire la pédagogie ? La pédagogie ne peut pas tout, mais un déni de pédagogie (par refus ou naturalisme) pourrait conduire à de la barbarie.

Pour découvrir pourquoi ce colloque et les présentateurs

 Comment ça se passe ?

Nous vous attendons le matin à partir de 9h sur le centre du Lazaret (Pour venir en transport en commun : Instructions – Plan du réseau de Sète). Vous venez avec votre repas coopératif que vous confierez au responsable du repas. Vous recevrez vos clés de chambre et remettrez à notre trésorier votre participation aux frais du colloque. Vous pourrez aussi profiter d’un bon café ou d’un thé parfumé 🙂

Le samedi soir et le dimanche matin et midi, les repas sont compris dans le prix.

Le colloque prendra fin vers 14h après le repas du dimanche midi, vous laissant la possibilité de rentrer chez vous sereinement.

Grille prévisionnelle du colloque

Vous pouvez consulter la grille prévisionnelle de l’an dernier de façon à vous préparer.

Prix du colloque :

Prix pour adulte (18 ans et plus) : 95€ (pension complète)
Prix pour Ado (13 à 18 ans) et étudiants : 75€
Prix pour enfant de 3ans à 12ans : 75€
Membre ICEM34, IGEM, ICEM11 ou PIDAPI : 90€
Les prix que nous vous proposons sont ajustés au plus près des coûts.
ATTENTION :  la date limite d’inscription est le 28 février 2023
Durant ces colloques, nous remarquons que la richesse des interventions incite les participants à travailler sur tous les temps informels, pauses, repas, soirée. Ces échanges sont extrèmements formateurs et nous y sommes très attachés, ils font partie intégrante du colloque.

Les intervenants

Retrouvez tous les intervenants du colloque sur la page de présentation. 

Trois collègues vous présenteront leurs classes depuis le cycle 3, le cycle 2 et le collège. 

Vous ferez aussi partie des intervenants en participant aux ateliers de réflexions qui s’organiseront à la suite de ces présentations.

Qui organise le Colloque ?

Les associations ICEM34 – PIDAPI et les Cahiers Pédagogiques en coopération.

Soigner le Milieu. Retour sur les journées de Nanterre et de Genève, Marguerite Bialas

Chers amis de la PI,

 

Comme certains le savent déjà, j’ai participé aux deux premières rencontres organisées par divers collectifs universitaires avec Michel Amram de l’école de la Neuville sur le thème : Soigner le milieu. Avec la Pédagogie institutionnelle. (La troisième, prévue d’abord à Bruxelles, aura lieu à l’école de la Neuville le 7 janvier prochain). À l’origine, Jacques Pain participait à l’organisation de ces rencontres. Mais le Covid a tout chamboulé et Jacques est décédé en janvier 2021. Ces deux premières journées furent donc aussi l’occasion de lui rendre hommage.

 

Lors de ces rencontres, nous avons vu de larges extraits du film Une si belle équipe de Michel Amram et Fabienne d’Ortoli, un film si long qu’il est en trois volets, prochainement disponibles en DVD. Les sous-titres :

° Le maître, l’universitaire et l’école caserne

° La classe coopérative

° L’autorisation.

J’ai donc vu les deux premiers films. Je les trouve bien faits, à la fois du point de vue historique et du point de vue pédagogique. Les réalisateurs y ont inclus des interventions de Françoise Dolto et de Fernand Oury que nous connaissions de précédents films, ainsi que des commentaires récents de Jacques Pain.

On sent chez les enseignants filmés (dont Raymond Fonvieille), l’enthousiasme qu’ils avaient, après mai 68, à travailler avec les techniques Freinet et la PI. Avec une large partie du public de ces deux journées, je fais partie de cette génération qui y a cru et pourtant, cinquante ans après, on a l’impression que tout est encore à faire. Dans une conclusion comme toujours un peu bousculée par les horaires, j’ai entendu ce constat : « Nous avions cru avancer. On voit tout ça être balayé par d’autres théories ! »…  Comme une déception que je ressens parfois aussi. Oui, il n’est pas question de « chemin triomphal » quand on voit la désaffection des enseignants pour les stages et les livres : tant de travail, de compétences, de témoignages qui ne demandent qu’à être partagés, transmis… et qui semblent ne plus intéresser. Cela ne date pas d’hier car je me rappelle le soupir de Fernand Oury, à l’un des derniers stages auquel il a participé, début des années 90 : « On a des cadeaux plein les bras, et ils n’en veulent pas ! »

Mais Mireille Cifali concluait : « Chacun à sa place peut faire le mieux. »

 

Les diverses interventions m’ont permis de mieux connaître Jacques Pain. Marie-Anne Hugon m’a appris que Jacques ne voulait pas faire école ni avoir de liens de dépendance ; qu’il évitait d’être dans la fonction de sauveur ou donneur de leçons. De l’intervention d’Alain Vulbeau, j’ai retenu que Matrice était une réponse à une dette de Jacques envers Fernand Oury (le premier livre édité a été Éducation et psychothérapie institutionnelle de François Tosquelles) ; que Matrice a pu devenir le liant entre les différents groupes de PI car Jacques n’appartenait à aucun d’eux (cela me rappelle la rencontre PI à Nanterre en 2009 : Jacques avait su réunir plusieurs centaines de personnes, appartenant aux divers groupes de PI, qui ont échangé entre eux dans de multiples ateliers). Gilles Monceau a parlé de l’analyseur « argent », analyseur social qui n’est pas un tabou dans la PI, et qui ne l’était pas pour Jacques non plus. Bernard Defrance a souligné le côté politique de la pédagogie par ce travail de construction de la loi…

 

Au hasard des différentes interventions, j’ai noté ces mots que Jacques aimait répéter : « La pédagogie, c’est du politique » ; « Attention : être humain ! » ; « Parler en tant que… » ; « La révolution ne se fait pas à 16 h. Mais ici et maintenant. Commence par toi-même. »

« – …, ça vous apprend une chose : qu’est-ce qu’une ceinture bleue. (La majorité des Français n’a pas la ceinture bleue !) »

 

À Genève,  j’ai découvert Daniel Hameline, un nom qui m’est familier depuis les cours de Jeanne Moll : à 91 ans, il a ébloui les auditeurs par la finesse de sa pensée et son humour. Quelle chance de vieillir ainsi !

 

Dans mon atelier de l’après-midi, j’ai vu (en visio) Pierre Cieutat, co-créateur de Pidapi. Je quittais l’école au moment où Pidapi arrivait sur le marché, il y a une vingtaine d’années, et je n’ai donc vu ces fichiers que de loin, sur les étagères de certaines classes vosgiennes. J’en ai aussi entendu parler, de-ci, de-là, et c’étaient parfois des critiques, ce qui contredisait le fait que je voyais des classes s’en servir, mais je ne les avais jamais regardés de plus près. Qu’est-ce donc que Pidapi ? En combinant l’idée du fichier programmé de Freinet et celle des ceintures de la PI, une équipe d’enseignants de Montpellier a créé un outil pour le travail individualisé des classes coopératives, mais utilisable dans n’importe quelle classe, Freinet ou pas. (Tout comme le site dessins-découpages.fr, réalisé par Michel Bonnetier et quelques passionnés de géométrie, où il ne faut pas non plus montrer patte blanche et qui, en plus, est gratuit !)  Après avoir distribué des photocopies de ceintures et d’exercices à droite et à gauche, comme nous l’avons tous fait un jour ou l’autre, les auteurs, réunis en Association, ont créé une véritable édition, jusque-là plébiscitée car utile aux enfants et aux adultes : ainsi, Pidapi prépare la huitième édition (et le site dessins-découpages a reçu le 40 000e visiteur) … Les fichiers Pidapi sont payants, mais l’Association Pidapi organise, dans le 34, des stages de formation gratuits et autogérés qui, semble-t-il, rencontrent aussi du succès.

Alors je reste songeuse : ici et là, des individus et/ou des équipes réussissent à créer une petite entreprise à partir d’un outil utile à la classe et/ou aux enseignants (je pense aussi à Matrice, la maison d’édition créée par Jacques Pain). À quoi tiennent ces réussites ?

 

Des livres de PI, dont ceux de Jacques Pain, étaient en vente au coin librairie. J’ai acheté celui intitulé : La non-violence par la violence et je viens d’en terminer la lecture. Comme je regrette de ne pas avoir pu en parler avec Jacques ! Parmi les divers textes écrits entre 1980 et 1999 qui composent ce livre, celui qui m’a le plus touchée, c’est De l’angoisse à la violence : la situation critique car je le mets en relation avec mon tout dernier texte, Des crises à la parole[1], qui est comme une illustration de la recherche de Jacques sur les dérapages en situation critique. Je me suis rendue compte, après coup, que c’est ce texte, et non pas Émilie, que j’aurais dû présenter à Genève au moment de l’atelier monographie, car il m’a semblé, dans la discussion qui a suivi, que c’étaient plutôt les problèmes de violence qui préoccupaient les enseignants présents.

 

Vous avez tous vu le programme de ces deux journées, je ne reviens donc pas sur toutes les interventions. Beaucoup de beaux hommages à Jacques Pain à Nanterre ; une très intéressante table ronde à Genève à partir de questions pertinentes sur l’actualité de la PI. Je me sentais en accord avec Mireille Cifali : « Prendre soin de son histoire et de ses projections est un travail psychique passionnant… dans la mesure où nous acceptons de ne pas savoir ». Les constats d’Anouk Ribas sur l’école française actuelle avec ses classes sans professeurs, ses injonctions contradictoires et les répressions actuelles ont failli me déprimer ! Mais j’ai été ravie d’entendre Françoise Budo (en visio) nous exposer les éléments concrets et bien pensés de leur pratique PI avec de jeunes adultes, futurs professeurs de collège et de lycée, à l’École Tenter Plus, HELMO Sainte Croix de Liège, un travail initié par Jacques Cornet et Claudine Keffer. J’ai pu observer cette école pendant une semaine, il y a une dizaine d’années. J’ai donc entendu avec plaisir que dans ce lieu au moins, ça continue bien. Ainsi qu’à l’école de la Neuville, dont Michel Amram a parlé dans l’atelier de l’après-midi. Pour le moment, car tout est toujours si fragile. Ou précaire… C’est vraiment comme les champignons, quelle bonne image !

 

En conclusion : C’était une grande joie pour moi de retrouver les anciens de la PI, même s’ils étaient moins nombreux que ce que je pensais. J’ai été honorée de pouvoir présenter une monographie dans une université suisse (pays d’origine de ma mère). J’ai été heureuse d’entendre la PI reconnue dans ces hauts lieux, cela permettra peut-être une sensibilisation de futurs enseignants… et décideurs ! On continue d’y croire même si, comme dit mon ami Raphaël, la PI étant du côté de l’engagement humain, ça reste un chemin difficile. Et nous sommes si peu de choses, ajouterait peut-être Jacques Pain…

 

Un grand salut amical à toutes et tous !

Que la nouvelle année permette à chacune et chacun « d’œuvrer de manière constructive dans la vie avec calme et confiance » (comme le dit l’éducateur japonais Tsunesaburo Makiguchi cité par Jacques dans la conclusion de son livre sur la violence).

 

Marguerite Bialas, décembre 2022

 

[1] Bialas, M. (2022). Des Crises… à la parole. Dans C. Prévot, D. Morin, D. & P.-J. Laffitte. Épistémologie et étique. Entre sciences de l’éducation et praxis pédagogiques. L’année de la recherche en sciences de l’éducation 2021, 313-322. Paris : L’Harmattan.

Appel au don : soutenir le film LES SEMAILLES, la PI à l’école de Javrezac

Très chers amis,

Très chers parents et alliés,

Très chers parents d’élèves, élèves et enseignants,

Très chers camarades et collègues,

Très chers toutes et tous,

Il est enfin né, le film documentaire Les Semailles, dont nous avons tourné les premiers entretiens dès juin 2016. Son montage a été une longue et patiente gestation jusqu’à ce qu’il trouve sa forme et sa durée finales. Aujourd’hui, il est temps qu’il puisse accomplir les desseins que nous avions conçus pour lui :

– témoigner de cette expérience singulière qu’a été la mise en œuvre de la Pédagogie institutionnelle à l’école de Javrezac en Charente,

– contribuer à la formation et à la transformation des pratiques professionnelles enseignantes.

Une fin qui marque un début.

La fermeture de l’école en 2016 a été le point de départ de la conception de ce film, et comme il s’agit de transmission, de pédagogie, de transformation, de cycles, nous ne pouvons que reprendre ici les mots justes et précieux d’un des visiteurs de l’école  :

“Les récoltes sont toujours très longues après les semailles.”
— Raymond Bénévent, docteur en philosophie et enseignant en IUFM

En effet, rien n’est perdu, et avec ce film, nous espérons aider à penser qu’il est possible d’enseigner autrement, qu’il est possible de s’engager dans cette Pédagogie institutionnelle, qui souvent impressionne au premier abord.

Nous avons donné de nous-mêmes pour qu’existe ce film.

Nous n’avons pas compté les heures de montage, malgré nos vies respectives déjà bien occupées. Nous n’avons pas hésité à casser la tirelire, sans garantie du résultat, et sans savoir s’il serait assez bon pour être diffusé. Simplement, nous y avons cru, parfois en même temps, parfois l’une après l’autre, nous relayant pour conserver la flamme, le mouvement qui a donné vie à ce film.

Au fil de sa construction, nous sommes devenues auto-productrices, co-autrices, et c’est en tant que telles que nous avons la fierté et l’honneur de vous présenter notre film aujourd’hui, et de faire appel à votre soutien pour financer sa production (toujours en cours), sa diffusion et son exploitation futures.

Vous trouverez tous les détails concernant le film ici :

https://lessemailles.fr/

La bande annonce du film Les Semailles, la Pédagogie institutionnelle à l’école de Javrezac :

 
 
 APPEL AUX DONS 
Toutes les informations pratiques sur la campagne de financement participatif sont là :

https://fr.ulule.com/les-semailles/

 
Une saison pour permettre son envol.

Nous lançons cet appel au don ce 21 décembre 2022, au solstice d’hiver, espérant qu’à l’équinoxe de printemps (le 20 mars 2023), dans trois mois, vous nous aurez permis de réunir les fonds nécessaires pour naviguer à flot. Si l’hiver est une période d’hibernation pour beaucoup, pour nous, elle est le moment d’un autre travail : après avoir semé, récolté, engrangé, produit, nous devons nous activer afin de distribuer le fruit de ce labeur.

Le film est en attente d’un visa d’exploitation : il passe en commission de classification au CNC dans les prochaines semaines. Il sera montré en avant-première officielle aux familles de l’école de Javrezac samedi 14 janvier 2023, à Cognac (invitation ci-jointe). Courant janvier, il sera disponible à la location et à la vente sur une plateforme VOD. Et à l’issue de cette saison et de cette collecte, courant février, nous publierons sur le site internet des entretiens intégraux en bonus à l’usage de ceux qui voudront approfondir la question de l’expérience de l’école de Javrezac et de la Pédagogie institutionnelle.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter

 
Nous vous souhaitons de bonnes fêtes de fin d’année,
et vous remercions, par avance, pour votre soutien et votre générosité.

Anouk Ribas & Charlotte Aristide