Archives mensuelles : novembre 2021

Uberisation des soins psychiques et gestion des risques psycho-sociaux – 11 décembre à Tours

Tables rondes – débats à propos de l’évolution des soins psychiatriques :

On sait que dans les services de psychiatrie, les pratiques « séquencées » et « optimisées » fragmentent les prises en charge : bilan, orientation, et … listes d’attente toujours aussi longues, pas de lits à l’hôpital, pas de place en Centre Médico-Psychologique, laissant des patient.es et leurs familles en déshérence. Qu’en est-il du côté du personnel soignant ?

Par ailleurs, la gestion des « risques psychosociaux » liés au travail grâce aux numéros d’appel ou aux prestations sur site pour une « écoute psychologique » peut apparaître comme une pratique assurantielle à bon compte.

Deux professionnel.les évoqueront leur travail au quotidien, l’un en service de psychiatrie publique, l’autre « au bout du téléphone » en cas d’effondrement au travail.

– 9 heures : Accueil
– 9 heures 30 : Ouverture de la journée par Thierry Lecomte, maire adjoint de la ville de Tours, psychologue.
Introduction aux débats : Lise Gaignard, psychologue, psychanalyste.
– 10 heures : Benjamin Royer, psychologue clinicien : « Le travail en plateforme, une uberisation masquée des soins psychiatriques ? ».
Modération : Françoise Tomeno, psychanalyste.
Débat.
– 11 heures 15 : Pause
– 11 heures 30 : Loïse Sacarabany, psychologue du travail : « Pratique des psychologues dans certains dispositifs de prévention des “risques psychosociaux” ». Modération : Françoise Tomeno, psychanalyste.
– 12 heures 45 : Conclusion collective

Salle Paul Bert à Tours 45, quai Paul Bert 37100 Tours.

Bus (ligne 10 arrêt Paul Bert) Tramway (Station Place Choiseul,

ligne directe à partir de la gare SNCF)

Le passe sanitaire est obligatoire pour entrer dans la salle

Tarif d’entrée : 5 €

 

RAPPEL – Séminaire “Le concept d’institution…” – Mercredi 10 novembre – 17h15-19h15

Séminaire LE CONCEPT D’INSTITUTION dans les pratiques de l’institutionnel

RAPPEL : mercredi 10 novembre 2021 – 17h15-19h30

Séminaire ouvert – à suivre en présentiel ou à distance, en direct :

https://www.youtube.com/channel/UCEAR4BxvMQWOGFLHhQp6_5g

À la recherche de nouvelles stratégies pour déjouer la désinstitutionalisation néolibérale

intervenant : Benjamin Royer

discutant : Jean-François Nordmann

De nombreux courants contestataires et émancipateurs des années 70 dans différents champs (la psychiatrie, l’école, l’université, l’usine, etc.) ont pris comme point de départ de leur réflexion une critique des institutions. Ils voyaient celles-ci comme les lieux de l’exercice d’un pouvoir, fondés sur des savoirs légitimants à l’origine de rapports sociaux de domination. Au cours des décennies qui ont suivi, ces discours critiques qui finissaient par en appeler à la désinstitutionnalisation ont, à notre grand étonnement, rencontré les logiques néolibérales de transformations de l’État et les ont parfois soutenues, voire rendues désirables. Des slogans désaliénistes ou de l’antipsychiatrie tels que « Il faut détruire l’hôpital psychiatrique » ont été récupérés quand il s’est agi de fermer des lits à l’hôpital sans proposer d’alternatives à l’hospitalisation. « Libérer le travail » s’est traduit par une destruction du droit du travail. Plus récemment, ce sont les plateformes comme nouveau modèle économique qui servent de paradigme à une réforme de l’action publique dont l’essentiel vise à rendre acceptable par les populations le retrait des services publics.

François Tosquelles distinguait l’établissement de l’institution, Cornélius Castoriadis, pour sa part, distinguait l’institué déjà-là de l’instituant. Ces auteurs prévoyaient à partir de ces distinctions de subvertir l’institué pour que l’institution demeure le lieu principal de leur agir. Lucien Bonnafé martelait qu’il fallait détruire l’hôpital psychiatrique, il s’empressait néanmoins d’ajouter que c’était pour mieux construire son contraire sur ses ruines.

Nous sommes donc, dans nos pratiques quotidiennes, face à un paradoxe qui est de défendre l’existence même des lieux dont les générations précédentes ont parfois désiré la destruction ou, sinon, dénoncé avec force les effets aliénatoires. Des générations de praticiens nous ont transmis quantité de techniques de transformation et de subversion de ces lieux mais pas grand-chose sur leur sauvegarde.

À partir du travail collectif que nous effectuons dans un secteur de psychiatrie adulte, nous proposerons deux hypothèses de travail pour repenser nos pratiques dans ce contexte de mise en péril de l’institué. La première, sur le terrain juridique, sera l’utilisation du droit pour révéler, mettre en lumière l’institué-encore-là derrière les tentatives néolibérales d’invisibilisation des rapports de domination. La seconde, sur le terrain des pratiques, sera de considérer que cela passe par le fait d’instituer des scènes dans l’espace public, des lieux qui se posent dès leur fondation la question de leurs fonctionnements collectifs aux détours de multiples inventions vivantes du quotidien suivant la logique des communs ou des clubs thérapeutiques.

Benjamin Royer est psychologue clinicien dans le secteur de psychiatrie adulte d’Asnières-sur-Seine. Il s’intéresse à l’histoire de la psychothérapie institutionnelle, à la psychothérapie psychanalytique des psychoses et aux liens de proximité entre néolibéralisme et neurosciences. 

Contacts : Bruno Robbes, PU en Sciences de l’éducation, Laboratoire EMA (EA 4507) :

bruno.robbes@cyu.fr