Archives mensuelles : novembre 2018

Hommage à Jean-Claude Colson (1935-2018)

Grande figure des pédagogies coopérative et institutionnelle, Jean-Claude Colson nous a quittés le 22 novembre 2018. Nous lui rendons hommage en publiant ici un texte rédigé après sa disparition par Maurice Marteau, ainsi qu’un portrait que Patrick Geffard lui avait consacré en 2010.

Jean-Claude Colson, Jean-Claude tout court pour beaucoup tant il était connu dans le monde du mouvement Freinet et de la Pédagogie Institutionnelle depuis 50 ans, est décédé le 22 novembre.
Que cela soit dans ses classes, dans le centre culturel des quartiers populaires d’Aix-en-Provence ou dans l’association d’apiculteurs d’Auriol, il apportait son enthousiasme à l’éducation de ceux avec lesquels il aimait travailler.
Dans le mouvement Freinet, membre entre autres du comité directeur de l’ICEM, puis dans son engagement dans les instances de la Pédagogie Institutionnelle, il était celui qui savait aplanir les différents, mettre à distance, garder comme constante d’abord et avant tout l’attention à l’autre. Il faisait preuve d’une profonde humanité sans ostentation aucune.
Toujours prêt à se rendre après discussion à l’avis de la majorité, il était aussi capable de fulgurances créatives aussi bien dans son métier que dans ses engagements, c’est ainsi que, ne se recommandant que de lui-même, il a créé Écho-PI revue qui vit toujours sous forme dématérialisée. La revue des praticiens, des débutants, est un des liens les plus connus entre ceux pour qui la Pédagogie Freinet et la pédagogie institutionnelle donnent un sens à leur travail « d’artisans pédagogiques ».
Pour moi il était l’ami le plus fidèle, sa maison toujours ouverte pour m’accueillir. Chez lui, j’étais chez moi. Et c’est une sensation rare. Un premier repas, et il savait cuisiner, puis après chacun s’ajustait à la vie de l’autre. Pour lui, il ne s’agissait pas de recevoir. Mais de vivre sous le même toit comme s’il avait été propriété commune. Cette sensation je sais que pour moi, elle est définitivement perdue.

Maurice Marteau, le 23 novembre 2018


Jean-Claude Colson : portrait

1935. Naissance à Avon, Seine-et-Marne, d’une mère couturière et d’un père qui sera militaire après son passage par la Résistance.
1955. Instituteur débutant dans le Moyen Atlas marocain
1960. Stage à Cagnes-sur-Mer avec Célestin Freinet
1966. Membre du CA de l’I.C.E.M.
1972. Co-fondateur de l’école Freinet de la Mareschale à Aix-en-Provence
1975-78. Membre du Comité Directeur de l’I.C.E.M.
1978. Co-fondateur du groupe Genèse de la Coopérative
1995. Retraite professionnelle et fondation de TFPI Provence, groupe de Pédagogie Institutionnelle
1999. Création d’« Échos P.I. », bulletin d’échanges entre praticiens de la P.I.
2018. Décès le 22 novembre.

Lorsqu’il est rentré en France après sa première expérience d’enseignant au Maroc, J.C. Colson dit s’être aperçu que la Pédagogie Freinet telle qu’elle lui avait été jusqu’ici présentée se révélait insuffisante. Trop référée aux classes rurales, elle semblait méconnaître la réalité des enfants issus de l’urbanisation. Des questions essentielles paraissaient être occultées : celles du désir, du comportement et de la « discipline » en général. Une telle situation ne fut pas sans provoquer certaines souffrances professionnelles, d’autant que des anciens du Mouvement Freinet allaient jusqu’à lui déclarer qu’il n’y avait plus d’avenir pour cette approche pédagogique : « Mon pauvre, tu veux continuer alors que ce n’est plus possible » lui fut-il affirmé dans les années soixante-dix.
Mais une collègue du groupe I.C.E.M. des Bouches-du-Rhône l’invite à lire De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle… Il découvre alors un auteur qui, ayant lui aussi l’expérience des classes urbaines, propose de continuer Freinet en l’enrichissant d’apports extérieurs comme la notion d’inconscient dans la classe, la mise en place d’institutions et une meilleure connaissance de ce qui structure un groupe. De cette lecture, d’une rencontre de travail avec Fernand Oury et de la collaboration avec René Laffitte et Jean-Louis Maudrin, eux aussi membres du Comité Directeur de l’I.C.E.M., ainsi qu’avec Maurice Marteau, Président du C.A. de la Coopérative de l’Enseignement Laïc fondée par Freinet, naîtra le module de travail Genèse de la Coopérative. Si ce module appartenait bien à l’I.C.E.M., les propositions qu’il soutenait ne firent pas l’unanimité et les rejets furent fréquents, appuyés sur des discours valorisant « l’autogestion », la « spontanéité enfantine » ou le politique.
À la fin de son parcours professionnel, J.C. Colson a dit que ses quinze dernières années, en tant que directeur d’école et enseignant-formateur, furent un « régal », malgré les difficultés liées au contexte social d’exercice du métier. Il a ensuite continuer de participer à l’encadrement de stages de formation à la P.I. et il a créé en 1999 le bulletin d’échanges Échos P.I.qu’il a animé durant de longues années et qui existe toujours aujourd’hui.

Publications
« Ali », in « Les parents et nous », Dossiers Pratiques de la Coopérative, n° 3
« Christophe ou De la jungle à la loi », in Mémento de pédagogie institutionnelle, Laffitte R. et al., Vigneux : Matrice, 1999.
Directeur de publication du bulletin « Échos P.I. » (depuis 1999)

Patrick Geffard
(référence de la publication originale : Geffard, P. (2010). Portraits (F. Oury, R. Laffitte, C. Pochet, J.C. Colson) », Fragen und Versuche, Bremen (Allemagne), n° 131, pp. 10-16.)

Stage de formation AVPI – 8-13 juillet – La Meignanne (Maine-et-Loire)

Dans votre classe, vous rencontrez des difficultés :
– Avec des élèves de niveaux scolaires hétérogènes.
– Avec des élèves parfois agités, loin des apprentissages.

Avec l’organisation de la classe, vous vous posez des questions ?
Vous cherchez à travailler autrement mais vous ne savez pas comment ou par quoi commencer ?
Vous voulez retrouver du sens, du plaisir dans votre pratique d’enseignant ?

Il existe des solutions.
Nous les pratiquons dans nos classes.
Que vous soyez « experts » ou débutants, ce stage peut vous intéresser. Plus particulièrement destiné aux professeur(e)s des écoles, il est organisé par des professeur(e)s des écoles. Il vous fera découvrir les
techniques Freinet et la Pédagogie Institutionnelle (conseil, quoi de neuf, responsabilités…).
Une large place sera aussi faite à l’échange de nos pratiques.

Infos et inscriptions : voir ce fichier PDF.

8èmes journées cinéma et psychiatrie, Lyon, 5-6 décembre 2018

Si l’édition 2017 des Journées Cinéma et Psychiatrie de Lyon a été exceptionnelle de par la venue de Raymond DEPARDON, son format en avait été réduit. Grace à la coopération des trois hôpitaux psychiatriques lyonnais (les Centres Hospitaliers du Vinatier, de Saint Jean de Dieu et de St Cyr au Mont d’Or), la 8ème édition des Journées Cinéma et Psychiatrie de Lyon retrouve le format qui en a fait son succès : deux journées, trois lieux de projection sur un même site et une soirée débat ouverte au grand public au cinéma le Comoedia. 

La journée thématique « Bienvenue chez les psy », comme le film qu’il paraphrase, va par-ler à la fois des gens et des lieux. Les « psy », soignants et soignés, fréquentent les mêmes lieux : certains, et ils sont nombreux, pour le temps d’un soin, d’autres pour leur travail, certains pour accompa-gner un proche, beaucoup pour se protéger et tenter de se rétablir ; tous pour essayer de maintenir ou de renouer les liens interhumains qui régissent notre existence. 

Nous avons le plaisir de débuter cette année une nouvelle collaboration : la Cinémathèque Jean Vigo de Perpignan, dépositaire des archives de l’hôpital de St Alban va nous permettre de revisiter l’aventure de la psychothérapie institutionnelle afin de nous interroger sur l’influence qu’elle pourrait, peut-être, exercer sur les dispositifs contemporains (Centre d’Accueil Thérapeutique à temps partiel, Groupe d’Entraide Mutuelle, réhabilitation, appartements thérapeutiques, chez soi d’abord…). 

Le Professeur de psychiatrie Jacques Hochmann a accepté de nous aider à tisser des liens entre cette histoire de la prise du soin psychiatrique et ses prolongements actuels, véritable fil rouge, il nous accompagnera tout au long de cette journée. 

La deuxième journée proposera, comme les années précédentes et en étroite collaboration avec le CNASM, le Best of du festival de Lorquin 2018 avec les films du palmarès et une sélection de meilleurs documentaires de l’année. 

Comme souvent lors des dernières éditions, les films projetés cette année au centre social de l’hôpital du Vinatier inviteront à un voyage à travers le monde : en Haïti pour envisager les liens de la psychiatrie avec les délires mysti-ques, au Danemark pour suivre le laborieux parcours vers le rétablissement d’une personne diagnostiquée schizo-phrène, en Belgique pour suivre une curieuse troupe de théâtre, au Canada pour suivre les difficultés d’habiter un lieu pour les personnes désinstitutionnalisées, en France pour suivre les tribulations des « sales gosses » (c’est le titre du film) d’un Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique et bien d’autres surprises. 

Ces journées reconnues comme un temps de formation pour les professionnels et comme une action de lutte contre la stigmatisation en santé mentale proposent, à l’issue des projections, des tables rondes afin de croiser les regards des professionnels, des cinéastes et de personnes ayant eu recours à la psychiatrie. 

Par ailleurs, cette année encore la Ferme du Vinatier continuera d’accueillir les films et les équipes issus des hôpitaux de jour, des GEM et autres collectifs concernés par la santé mentale. Quant au programme de l’IFSI du Vinatier, il sera plus directement pédagogique avec une alternance d’entretiens filmés de spécialistes et de films à visée didactique. 

Argumentaire, programme, inscriptions dans ce fichier PDF.