Archives mensuelles : avril 2018

“Savoir lire, une urgence” : une annonce du CREA / éducation authentique

Le B.A.BA préconisé dans les écoles depuis 2006 par le ministre De Robien a donné les résultats suivants, en 2016 (enquête PIRLS)4% des élèves de CM1 comprennent parfaitement ce qu’ils lisent (niveau 4), et 72% des élèves comprennent de manière insuffisante (niveau 2).

Ces résultats sont en baisse régulière depuis 2001. La France  est à la 34e et dernière place des pays européens. Et le ministre Blanquer vient de re-préconiser cette méthode : on comprend mieux alors que la non-lecture est un enjeu politique et un instrument de domination.

Dans une civilisation de désinformation et/ou de divertissement, savoir lire est un enjeu crucial, si ce n’est vital, pour moi, pour les autres et pour la planète. Comment savoir lire ? Comment l’enseigner ? Et comment empêche-t-on de lire ? Pourquoi ? Des dys*, des sourds et des autistes pourtant lisent (heureusement)… Bien d’autres questions seront explorées à la

Rencontre nationale  “Lecture”, organisée avec le soutien de l’AFL, les 10-13 mai à Figeac (Lot).

Dernière opportunité pour s’inscrire :

http://www.education-authentique.org/index.php?page=rencontre-annuelle

Le 7 mai 2018, à St-Jérôme, au Québec: table ronde sur le thème de la cogestion

Le 7 mai 2018, à St-Jérôme, au Québec: table ronde sur le thème de la cogestion

‘’Nous considérons qu’en tant que cogestionnaires, les parents, l’équipe-école et les enfants partagent la responsabilité d’une gestion centrée sur l’élève, transparente, flexible et ouverte aux réalités et changements du milieu.’’ Condition no 16 Une école en cogestion adoptée par consensus le 10 mai 2013.
La communauté de l’école De La Fourmilière s’interroge depuis septembre 2017 sur cette question de la cogestion et la place qu’y occupent les parents, l’équipe-école (enseignants, direction, service de garde) et les enfants. Leurs constats s’accompagnent de questions et d’hypothèses de solution. Par exemple : Comment préparer tous les acteurs à jouer efficacement leurs rôles respectifs de cogestionnaires? Cette préparation, disent-ils, est faite d’information et de formation. Elle doit aussi changer des attitudes et interroger les espaces de pouvoir prédéterminés (la pédagogie aux enseignants, l’imputabilité à la direction, le bénévolat aux parents ?).
La réflexion de l’école de La Fourmilière aboutit à la proposition suivante : la création d’une instance de cogestion dont les rôles seraient la vigilance, l’accompagnement, la mobilisation, la référence et la coordination.
Où en sont les écoles alternatives québécoises en 2018 dans ce type de gouvernance partagée ?

Tous les pédagogues de passage au Québec seront bienvenus!

47es Rencontres Pédagogiques d’été

Vous avez envie de vous former et d’échanger vos expériences de travail ? Vous voulez contribuer à plus d’égalité à l’école ? Vous souhaitez vous ressourcer avant la rentrée ? Rejoignez-nous !

Programme complet ici

Inscriptions ici

Les RPé proposent 14 ateliers de 3 ou 6 jours pour faire fructifier les connaissances et améliorer les pratiques en vue de mieux faire apprendre à tous les élèves.

* – Il y en a beaucoup plus, et on vous le met quand même !
* – Axes thématiques
* – 14 ateliers
* – Ateliers des enfants
* – Animez vos temps libres…
* – S’inscrire
* – Calcul des frais
* – Renseignements pratiques

Pour toutes questions : RPé

Étudiants, enseignants, éducateurs, directeurs, animateurs, formateurs, parents, nous sommes tous concernés.

Expérimentation Professionnels intéressés par les pédagogies coopérative et institutionnelle, semaine scientifique « Recherche avec » France 2018

L’expérimentation Professionnels intéressés par les pédagogies coopérative et institutionnelle de la semaine scientifique « Recherche avec 2018 » s’est tenue les lundi 23 et mardi 24 avril à Gennevilliers, sur le site universitaire (Université de Cergy-Pontoise). Elle a réuni des enseignants et chercheurs impliqués dans des pratiques de pédagogies alternatives, coopérative et institutionnelle à l’école primaire, dans des collèges ou lycées et à l’université.

Le lundi matin, Katia Thuilot, doctorante au laboratoire EMA, a précisé les spécificités du pédagogue. Puis à travers des extraits de films, elle a montré en quoi consistait la notion centrale de moment pédagogique (Meirieu). Gudiel Castellou, professeur des écoles pratiquant la pédagogie institutionnelle dans une classe de CM située à Paris en milieu populaire, a décrit très précisément comment l’usage de la monnaie de classe articulé aux ceintures d’autonomie permettait à ses élèves d’apprendre à grandir dans un collectif. Clémence Morisseau et Saturnin Mesnil, enseignants à l’École de La Neuville (http://www.ecole-de-la-neuville.asso.fr), ont montré comment les voyages scolaires mettaient à l’épreuve les institutions élaborées dans l’école. Sophie Billard enfin, professeure des écoles pratiquant une pédagogie s’inspirant des recherches de Bernard Collot, a présenté des extraits du film tourné dans sa classe (https://www.youtube.com/watch?v=H_LcjpAZ2Lk).

Le lundi après-midi a été consacré à l’université : Bruno Robbes a témoigné de pratiques de conseils avec de futurs conseillers principaux d’éducation. Arnaud Dubois a abordé ses pratiques d’écriture monographique et de correspondance avec Patrick Geffard (Université Paris 8). Julitte Huez et José Renato ont présenté des réflexions sur le travail en équipe, en France et au Brésil. Philippe Chaubet a parlé de la pédagogie alternative dans l’université au Québec.

Le mardi matin, Camille Guérin, professeur de mathématiques au CLEF de La Ciotat (http://www.fespi.fr/les-espis/le-clef-college-lycee-experimental-freinet-a-la-ciotat/) a montré comment la coopération prend en compte les différences entre élèves pour les faire réussir. Thomas Boudie a témoigné de ses pratiques de pédagogie institutionnelle dans un collège populaire de Paris. Nathalie Noël, Nicoleta Nastase et Alban Heuzé, enseignants au LP2I de Poitiers (http://www.lp2i-poitiers.fr/), nous ont proposé un jeu de rôle coopératif, qu’ils pratiquent dans leur établissement.

Le mardi après-midi enfin, ce sont deux réseaux québécois et français qui se sont rencontrés. Philippe Chaubet a introduit une vidéo de Pierre Chénier présentant le REPAQ (http://repaq.org/), réseau regroupant 42 écoles alternatives. Puis Bastien Sueur a présenté la FESPI (http://www.fespi.fr), qui réunit 17 établissements « différents ». La présence de collègues du CEEPI (http://www.ceepi.org/) a enrichi les échanges, incluant aussi nos collègues belges (http://www.helmo.be/CMS/Actualites/Videos/Tenter-Plus-a-HELMo-Sainte-Croix.aspx#.WjPAtLpFzIU).

Le moment est peut être « historique », car des perspectives se dessinent : visites de professionnels dans les établissements respectifs, échanges sur les pratiques et temps de formation en commun, collaborations avec des chercheurs français et canadiens. La création récente du site du réseau PII (https://reseau-pi-international.org/) facilitera ces rapprochements.

Témoignage et émerveillement devant une formation à l’enseignement par la PI

Venu de Montréal, pour un séjour de recherche en France et Belgique, où je présente aussi le réseau des 42 écoles publiques alternatives du Québec (http://repaq.org), j’ai passé deux jours dans un établissement belge de formation d’enseignants du secondaire, à Liège (http://www.helmo.be/CMS/Institution/Instituts/HELMo-Sainte-Croix/Accueil.aspx).

Françoise Budo nous avait invités, Bruno Robbes, de l’Université de Cergy-Pontoise, et moi-même, à venir voir fonctionner en direct le programme « Tenter + » (http://www.tenterplus.be).

Ce qui suit est plus qu’une lettre de gratitude aux étudiants et formateurs de cet établissement de formation d’enseignants. C’est un témoignage et un émerveillement devant la qualité des processus d’enseignement et apprentissage observés.

Aux étudiants et à l’équipe de formateurs de « Tenter + », de la Haute-École de Liège Mosane (HELMo), en Belgique,

Deux jours à l’HELMo, les 17 et 18 avril 2018, et déjà un attachement à ses étudiants et à son équipe de formateurs.

Moi qui écume les universités au Québec, en France, en Belgique, à Taiwan, pour comprendre comment des cours «énergisent » les étudiants et stimulent leur développement, me voilà dans un programme entier conçu sur cette base.

Il pose l’hypothèse qu’en stimulant le goût des étudiants de vivre pleinement leur propre éducation (adieu l’ennui des bancs d’école), ils trouveront les moyens de devenir à leur tour des enseignants motivants, qui transmettront la flamme et le goût d’apprendre.

J’aurai pour longtemps sur la rétine ces images de jeunes femmes et hommes de 18-25 ans

– qui n’ont pas peur de poser des questions

– qui se respectent dans leurs interactions

– qui diagnostiquent en une minute leur état affectif après un cours, un conseil de classe ou un « conseil de tous » : « ça va », « ça va bof », « ça va pas »;

– qui isolent les problèmes dans une situation interpellante et construisent ensemble des solutions;

– qui expriment avec naturel leurs besoins individuels ou collectifs;

– qui sont attentifs aux difficultés d’autrui;

– qui s’entraident;

– qui veillent à préserver une atmosphère d’étude saine et sécuritaire;

– qui ont à cœur le sort de leur société et les enjeux planétaires;

– qui égrènent leur journée d’humour et de sourires;

– qui travaillent, surtout : ils apprennent, ils apprennent, ils apprennent et ils aiment ça! Comme on dit au Québec : « ils en mangent ».

Ces étudiants savent tenir une réunion (un « conseil ») : les ordres du jour sont tenus, minutés, nuancés, toujours critiques, toujours bienveillants.

On se dit que si toutes les réunions des organisations publiques et privées avaient ces qualités, le monde tournerait plus rond. Il y a ici des savoir-faire et des savoir-être qui ne seront pas perdus, peu importe dans quel secteur de la société ces étudiants se feront un chemin.

Savent-ils la chance qu’ils ont d’apprendre leur métier dans cette école, d’apprendre la vie dans cette école ?

Mais ce n’est pas de la chance. C’est du travail. Le travail complexe, cadencé, huilé, pensé, agi, sans cesse remanié et rénové d’une équipe de travail qui aime son métier et qui y excelle. Elle y excelle parce qu’elle y réfléchit avec cœur, ténacité, patience et dans un esprit systémique et systématique devenu une seconde nature.

Au fil des discussions avec cette équipe, j’ai ressenti chez elle les mêmes préoccupations dans leur profession que les étudiants pour leur futur métier :

– que peut-on encore améliorer dans la formation ?

– qu’est-ce qui est caduque, qu’il faut couper ?

– qu’est-ce qui est en train de germer, qu’il faut arroser ?

– comment donner toujours plus l’initiative aux étudiants pour qu’ils deviennent auteurs de leurs apprentissages et de leur vie ?

– comment leur donner le goût de chercher et de découvrir ?

– comment les armer pour leur métier ?

– comment les équiper pour la vie ?

– comment développer leur potentiel d’êtres humains : intelligents, sociables, humbles, doués de jugement, fiables, compétents, curieux…

Aux étudiants comme aux formateurs, je dis merci : ce que vous défendez tous les jours en vaut la peine et vous constituez un exemple inspirant en éducation, en formation d’enseignants, en formation tout court.

Vous voir en action me rend fier d’être éducateur et, disons-le, fier d’être humain. Ces brèves et riches 48 h parmi vous me font encore constater que partout dans le monde il y a des gens qui réfléchissent et se battent (sans agressivité) pour toujours mieux former autrui, étudiant ou élève.

Amicalement, et pour longtemps,

Philippe Chaubet

Professeur régulier, Université du Québec à Montréal (UQAM)